Chemins de rigodon

Dans l’ancienne région du Dauphiné, le rigodon était dansé au XIXe siècle à toutes les occasions. Il a été jusqu’en 1914 l’élément essentiel du répertoire des bals. Sa forme musicale, perpétuée  par des musiciens routiniers, chanteurs ou violoneux, a été par la suite décrite puis enregistrée. A partir des années 70, ces collectages sont devenus sources d’inspiration pour des musiciens qui le transmettent à leur tour.

Un documentaire de Caroline Fontana, réalisé avec le soutien de la Région et de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes – AAP Mémoires du XXe siècle. 

Durée : 54’02

Avec Perrine Bourel, Véronique Elouard, Michel Favre, Patrick Mazellier, Mana Serrano et Robin Vargoz.

Musiques : La Débrayée de Laye, Emile Escalle, Collecte de P.Mazellier, 1975, dans Le violon traditionnel en France : Dauphiné, Silex 1994 ; Rigodon Les Vachourins, Patrick Mazellier, Violon Traditionnel, production Echo des Garrigues ; Le rigodon de Manse, interprété par Daniel Jeanselme et Marin Vallet, 1939, collecte de Roger Dévigne, La phonothèque nationale, dans Le violon traditionnel en France : Dauphiné, Silex 1994 ; Le rigodon de Manse, Rigodon sauvage, Michel Favre, Patrice Gabet, Bruno Sabalat, Ocora, Radio France, 1995 ; Le rigodon de San Bounet par le Duo Vargoz, Robin et Guillaume, 2018, d‘après Charles Aurouze, chanteur du gapençais / d’après Emile Escalle, violoneux à Molines en Champsaur, enregistré par David Bouvard en avril 2018 dans le salon du Grison (Hautes-Alpes) ; Les filles de Mens par Violoneuses, Perrine Bourel et Mana Serrano, enregistrement de David Bouvard, La novia, 2015

Documents sonores additionnels : rigodon “Ma maire n’avio”  par Emile Liotard enregistré par Aline Sévilla et Dominique Laperche  à Saint-Geneys-en-Coiron, édité sur le 33T Apprends-moi ton langage ; Emile Escalle enregistré par Charles Jostein en 1973, Réseau archives sonores Rhône-Alpes, Portail du Patrimoine Oral ; Emile Escalle “Mes débuts de violoneux”, récit enregistré par Patrick Mazellier en 1975, Le violon traditionnel en France : Dauphiné, Silex 1994.

Le film évoqué dans le documentaire, film muet tourné en 1946 pendant la fête du 15 août à Clelles, a été recueilli par Geneviève Chuzel et Patrick Mazellier auprès de la famille Ebrard lors de leur enquête dans le Trièves pour le Musée Dauphinois.

Remerciements à Patrick Mazellier pour ses conseils et tous les éléments de recherche et de collecte qu’il nous a transmis, à Bernard Fort pour son écoute et pour son accompagnement au mixage.

Le rigodon est remarquable dans l’histoire des musiques de bal par sa couverture géographique et par sa longévité. Originaire de Provence, sa présence est attestée en France dans l’angle sud-est, entre le littoral et la frontière italienne sur le territoire de la Provence ancienne et du Dauphiné, à l’ouest sur une partie du Languedoc et vers le nord le long de la vallée du Rhône jusqu’à la Saône et le Morvan. On dit qu’il s’est exporté vers Paris, devenu danse de cour. Puis qu’il a gagné les régions montagnardes, Cévennes, Gapançais, Dauphiné, depuis la Provence, avec les cultivateurs qui descendaient l’hiver travailler. Considéré comme la danse traditionnelle du Dauphiné du fait de sa présence continue sur ce territoire du XVIIe au début du XXe siècle, il disparait des bals à l’entre-deux-guerres, et c’est dans les zones montagnardes les plus reculées que sa présence perdure le plus longtemps. Dans le Dauphiné comme dans le Vivarais, il est étroitement lié aux transformations de la société rurale et paysanne et aux représentations de cette société. Ainsi le rigodon a pu faire l’objet de différents enjeux, pour le folklore, pour l’ethnologie, comme emblème d’une identité régionale, puis comme forme musicale à l’esthétique particulière, susceptible de renouveau. C’est ce dernier aspect qui intéresse ce projet documentaire, né d’une rencontre avec Patrick Mazellier, musicien violoneux contemporain qui a participé aux collectes du rigodon à partir des années 70. Le récit s’est dessiné autour de la figure d’Emile Escalle, musicien né en 1900 qui est à l’origine des vocations musicales des musiciens de rigodon qui constituent les personnages principaux de ce documentaire : Patrick Mazellier qui l’a collecté et a été son élève, Michel Favre, Perrine Bourel et Robin Vargoz qui l’ont découvert à travers des enregistrements de collectage. Le documentaire explore le fil de cette transmission, et le parcours de ces musiciens, de la découverte à l’appropriation musicale du rigodon joué et dansé.

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